Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/162

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Sous mes ardents baisers sèchent toutes ses larmes.
Son sourire s’éveille et, lys beau de fraîcheur,
Une teinte de rose erre sur sa blancheur ;
Et sa pudeur palpite, et la colombe heureuse
Se confiant alors à son aile amoureuse,
Prend son vol de bonheur dans un air embaumé,
Ciel profane et brûlant à l’archange fermé.
Elle plane et se perd avec toutes ses flammes
Dans un soupir d’amour qui réunit deux âmes,
Sur mon sein en extase elle vient se poser…
Mais tout l’enfer s’allume à son premier baiser.
Le sol fuit… Des démons la ronde sépulcrale,
Orage sulfureux, foudroyante spirale,
Cortège nuptial envoyé des tombeaux,
Prête à la douce nuit ses spectres pour flambeaux ;
Et berce notre hymen dans une trombe ardente
Semblable au tourbillon des deux amants du Dante.—

*


Ainsi sont racontés les amours du maudit.
Pour parler à son tour Néron se lève et dit :
— Je donnais un festin, moi, grand par ma clémence.
Un esclave brûlait dans chaque torche immense,
Nourrissant de ses chairs son sépulcre de feu,
Pour distraire l’ennui d’un jour de demi-dieu ;
Tandis que l’air, au gré d’une captive noire,
Soupirait en passant dans des orgues d’ivoire.
La salle du banquet en ce pompeux séjour
Tournait, comme la terre, à chaque heure du jour ;
Et pour laisser pleuvoir les roses sans feuillage,
L’or massif du plafond s’ouvrait comme un nuage.