Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/161

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« L’esprit qui me guidait s’est trompé de demeuré,
« Dit-elle, beau jeune homme au front si gracieux !
« Car la tienne n’est pas sur la route des cieux.
« Si le sommeil m’abuse à ses vagues mensonges,
« Respecte en t’éloignant la pudeur de mes songes.
« Mes jours d’un feu divin rayonnent embellis ;
« Et j’ai trempé mon âme au calice d’un lys.
« Grâce, et pitié ! détruis ce charme de puissance
« Qui te rend dans mon cœur plus fort que l’innocence.
« Vois ! les astres là-haut brillent silencieux ;
« Le Ciel ouvre sur nous ses innombrables yeux,
« Qui dans l’ombre attendris, laissent sur ma prière,
« Comme des pleurs d’amour ruisseler leur lumière.
« Tout mon sein les recueille, et dans mon chaste effroi,
« Mes yeux vont à leur tour les répandre sur toi.
« Tu m’aimes… que mon âme à la tienne asservie
« Ne trouve pas la mort aux sources de la vie ;
« Ne laisse pas l’amour, ce feu surnaturel,
« Ce premier-né de Dieu, nous enlever le ciel.
« Colombe qui descends des voûtes éternelles,
« L’éclair de ton regard a consumé mes ailes ;
« Et c’est en vain, pleurant leur fragile trésor,
« Que je tombe à genoux pour m’envoler encor.
« Le jour qu’autour de moi répandait ma couronne
« S’est éteint de lui-même, et ta nuit m’environne ;
« Oh ! quel ange viendra luire sur mon chemin !
« Pour remonter vers Dieu qui me tendra la main ? »
Et comme elle parlait, je vis, autre victime,
Mon crucifix d’airain se pencher vers mon crime ;
Et laisser pénétrer, pour en être vainqueur,
Le sang de ses deux bras, goutte à goutte, à mon cœur.
Virginia !!! Ce sang est moins fort que ses charmes !