Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/168

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« La bière et le linceul sont prêts, j’ouvre la tombe !
« Je suis Esméralflor ; j’ai pu, quelques instants,
« Quitter, pour t’éprouver, l’enfer ou je t’attends.
« Le démon l’a permis, et pendant qu’on me pleure,
« Mon cadavre a repris mon âme pour une heure.
« Contraindre mes désirs n’était pas ma vertu ;
« Cette heure m’appartient, me la demandes-tu ?
« Es-tu ce don Juan, dont l’ardente inconstance
« Donne à la volupté ce qu’il a d’existence,
« Et qui, parmi les fleurs couronne de son front,
« Doit un jour voir éclore un hymne de Byron ?
« Regarde ! je suis belle, et sous ses doigts difformes
« La mort n’a point blessé le pur contour des formes :
« Elle a laissé leur charme à mes embrassements.
« Mon œil avait des feux qui tuaient mes amants ;
« Et, fièvre de mes sens, cette lave embrasée
« En passant aux enfers ne s’est pas apaisée !… »
Je ne répondis point… Je baisai ses genoux,
Et mon trépas ne fut qu’un dernier rendez-vous !!! —

*


Ces récits ajoutaient aux plaisirs de la fête.
Devant Idaméel, et monarque et prophète,
S’incline avec respect le grand sphinx. « Roi, dit-il,
« Quand nous nous racontons les heures de l’exil,
« N’as-tu rien à nous dire ! Au fond de ta mémoire .
« N’as-tu pas conservé quelque splendide histoire ?
« Nous serions curieux de l’entendre de toi.
« La parole est puissante en ta bouche de roi !
« Nous sommes attentifs et l’assemblée est haute,