Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/180

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Près de voir expirer l’univers vieillissant,
J’explore les secrets de l’univers naissant.
Le fleuve du savoir m’appelle vers sa source.
J’admire ces pasteurs connus de la grande Ourse,
Qui d’avance vengeaient sous les murs d’Orchoë,
L’insulte qu’au soleil fera Tycho-Brahé.
Je vois l’esquif de Tyr allant, roi des tempêtes,
Des vaisseaux de Colomb déflorer les conquêtes ;
Et du pôle aimanté possédant les secrets
Trouvés dans Amalfi quatre mille ans après.
J’admire Daniel qui, pur de tous mensonges,
Enseignait à des rois la science des songes,
Et découvrait pour eux les trois nombres sacrés,
Les trois cycles parfaits de Kepler ignorés.
J’admire de Platon la syrène chantante
Que chaque sphère d’or écoute palpitante,
Quand ses brillantes mains qui ne se lassent pas,
Pour la corde sonore ont quitté le compas,
Et qu’elle réunit dans son divin délire
Les sept flammes du prisme aux sept voix de la lyre :
Miraculeux hymen, pour l’œil contemplateur,
De la création accord législateur.
Un désir curieux sans cesse me ramène
Vers le lointain berceau de la parole humaine,
Qui donna le sanscrit aux peuples d’Hindostan,
Et le celte à l’Europe, et le zend à l’Iran,
Ces trois premiers rameaux de l’arbre du langage
Dont la fraternité se lit sur leur feuillage.
J’étudiais comment l’hiéroglyphe apprit
A peindre pour les yeux l’image de l’esprit,
Et comment ce tableau, signe de la parole,
Sur l’immobile airain enchaîne un son qui vole.