Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/208

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Là, s’expliquait la loi qui joint si constamment
Les secrets de la foudre aux secrets de l’aimant.
Là, sans être pour nous obscurcis d’aucune ombre,
Vivaient, ressuscites, les miracles du nombre,
Dont la force harmonique, en ses divers accords,
Règle le poids subtil des atomes des corps.
Là, le feu primitif nous livrait sa puissance.
Là, se lisait comment l’inextinguible essence
Peut redonner la vie à des mondes errants,
Dans un trop long voyage épuisés et mourants.
Durant trois jours entiers, sous la froide atmosphère,
La sueur de mon front inonda cette sphère.
Mon œil laborieux se posa seul et nu,
Durant trois jours entiers, sur le grand inconnu.
Et nul autre avant moi, dans ses travaux insignes,
N’avait pu soulever le voile de ces signes.
J’y parvins, en criant : — Le monde vit encor. —
J’arrachai du vaisseau le globe aux cercles d’or,
Et puis je descendis de la montagne austère,
Emportant sur mon cœur le salut de la terre.

Les cèdres inspirés sur ma route chantaient :
Hymnes qu’à leurs aiglons les aigles répétaient.
Comme si de la mort fuyait l’ombre livide,
Comme si la nature en son sein froid et vide
Aspirait de la vie un souffle entre mes bras,
Lorsque je lui criais : — Tu ressusciteras ! —

Près de Cléophanor qui priait sur la cendre
Et ne m’avait pas vu du mont sacré descendre,
Je m’avance, et ma voix triomphante lui dit :
« Père de Sémida, je ne suis plus maudit ;