Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Il se leva si grand que j’en baissai la tête ;
Et sa voix dont l’Arar résonne jusqu’au faîte :
« Quoi ! le mont du salut vient d’être profané !
« Quoi ! l’ange de l’Arar n’a pas exterminé
« L’orgueilleux qui, trois jours,vint dans l’arche, en silence
« Peser les jugements de Dieu dans sa balance !!!
« Tu me parles d’amour, d’hymen, de descendants,
« Quand la création gangrenée en dedans,
« Voit ses iniquités paraître à sa surface,
« Comme un cancer caché qui nous monte à la face :
« La plaie est incurable, et l’on n’y peut toucher
« Sans voir tout son venin à l’âme s’attacher.
« Oui, déjà dans la tienne à flots il s’inocule ;
« Dans ton sang réprouvé la révolte circule.
« Pourquoi t’ai-je accueilli ! quel es-tu ? qu’as-tu fait !
« Pourquoi si près des ci eux élever ton forfait ?
« Ta réprobation n’existe plus…. démence !
« Ce n’est que d’aujourd’hui, pécheur, qu’elle commence.
« Celui qui fut prédit, quand saint Jean, dans Pathmos,
« Vit monter de l’abîme un ouragan de maux ;
« Celui qui, dernier roi de la terre obscurcie,
« Et vers la fin des temps effroyable Messie,
« Doit arracher au prêtre et l’encens et le sel,
« Doit changer le blasphème en hymne universel ;
« Toucher, pour les souiller, à tous les tabernacles,
« Du vent de son orgueil balayer les miracles ;
« Et, frère de la mort et du grand malfaiteur,
« De tous deux, à lui seul, dépasser la hauteur ;
« Celui-là de l’Arar put seul tenter les cimes !…
« Tu m’abordais, géant, les mains pleines de crimes !
« Tu m’abordais, géant aux volontés de fer,
« Afin de préparer ce monde pour l’enfer.