Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/211

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« Dans ton sein condamné le blasphème palpite,
« Le spectre de Satan dans ta pensée habite !
« Je découvre trop tard, gravé sur chaque trait,
« De l’Antéchrist en toi le sinistre portrait.
« Insensé que j’étais !!! j’ai marqué de l’eau sainte
« La couronne du mal dont ta tête fut ceinte !
« Aveuglement d’un jour que mes pleurs expieront,
« J’ai cru que le baptême en absoudrait ton front.
« Repens-toi, malheureux, et que ce front s’allège
« Du poids d’un sacrement qu’il change en sacrilège !!
« Tu veux sauver la terre, et pour la protéger
« Du plus grand des forfaits tu viens la surcharger !
« De ton impiété qu’oses-tu te promettre ?
« Crois-tu changer les plans du divin géomètre ?
« Avec sa volonté crois-tu pouvoir jouer ?
« Crois-tu, comme un fruit mûr, la pouvoir secouer
« De l’arbre que les cieux arrosent de leur onde ?
« Redresser, malgré Dieu, le cadavre du monde !
« Et pour les féconder, dans nos sillons en deuil,
« Semer, pour premiers grains, la révolte et l’orgueil !
« Crois-tu, profanateur de l’arche et de ma fille,
« Installer ta démence au cœur de ma famille ;
« Et que je laisserai, moi, moi Cléophanor !
« Sur mon tombeau prochain peser ton globe d’or ?
« Je ferai ce qu’ici l’archange aurait dû faire.
« Cesse de demander un crime à cette sphère :
« Fuis, cesse de lutter contre le Dieu vivant ;
« De ton monde nouveau livre la cendre au vent ;
« Que ta création d’un jour soit écrasée, ’
« Comme sa vaine image est sur ce roc brisée !… »

Alors, comme animé d’un élan surhumain,