Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/220

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Digne de présider la mort du genre humain.
On croyait voir marcher, de lambeaux revêtues,
Vers son grand jugement un peuple de statues.
Des hommes et du Dieu semblable est la pâleur ;
Il emportait leur âme aux confins du malheur,
Répondant par la mort au désespoir qui prie ;
Ses épouvantements, dans leur veine appauvrie,
Achevaient de glacer un sang dégénéré
Qu’un soleil sans rayons n’avait pas coloré.

*


Il est temps de régner, il est temps d’apparaître,
D’éprouver si la tombe enfin change de maître ;
Si de la sphère d’or les magiques présents
A l’âme d’un mortel ne sont pas trop pesants.
Et pour premier essai de ma royale envie
J’arme mon œil puissant des éclairs de la vie ;
J’assemble du Delta les tristes habitants.
Semblable à Josué parmi ses combattants,
J’adjure le soleil dans la langue divine :
Mon regard s’est fixé sur cet astre en ruine,
Le pénètre, et l’échauffé, et ne le quitte pas
Qu’il ne l’ait dégagé des teintes du trépas.

Lorsqu’un artiste entend gronder dans l’insomnie
Le volcan de sa tête en travail du génie ;
Lorsqu’il sent le chef-d’œuvre orageux, enflammé,
Tourmenter la prison qui le tient renfermé,
Sous la lutte féconde un moment il chancelle,
Une ardente sueur de ses pores ruisselle,
Son sein bat… il s’élance, il irrite, en courant,