Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/222

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Redemande déjà tous ses panaches verts ;
L’ombre de ma pensée abrite l’univers.

C’était peu… Pour prouver à ma peuplade ardente
De mes pouvoirs cachés la force fécondante,
Je dirige ses pas vers un sol désolé,
Par les feux du sémoun profondément brûlé :
Lieu stérile, où jamais la marâtre nature
N’avait vu s’enfoncer le soc de la culture ;
Et qui semblait n’offrir à tout germe vivant,
Que l’éternel tombeau de son sable mouvant.
Je commande, et soudain, devant la foule émue,
Un couple de taureaux pesamment le remue,
Et durant tout un jour fume sous l’aiguillon,
Pour confier la graine aux ferments du sillon.
Cérès de nos travaux eût envié la fête !
Le troisième soleil vit poindre ma conquête,
Et promit des moissons, comme aux vallons d’Enna
En nourrissaient jadis les soufres de l’Etna.

Sûr de trouver la vie autour de sa mamelle,
Chaque espoir sur la terre a reverdi comme elle ;
Et mes heureux sujets célèbrent par leurs chants,
Au pied de mon autel, la promesse des champs ;
Car autant que les lois, sur le sol où nous sommes,
L’épi germinateur civilise les hommes.
Oh ! quel large avenir rayonne devant nous !!!
L’espérance a des mots qu’on ne dit qu’à genoux ;
Et malgré moi la mienne, amoureuse démence,
Regardant bien plus loin que mon prodige immense,
Éclairant le nuage où le bonheur s’endort,
Autour de Sémida conduit ses songes d’or ;