Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/223

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Tandis qu’un peuple entier, loin de sa vieille idole,
Du soleil rajeuni me fait une auréole,
M’adore, et me bénit de l’avoir délivré
Du Dieu dont il buvait le sang décoloré,
De ce Christ qui, tyran de la terre asservie,
Déniait aux humains leurs titres à la vie.

*


Or, je me dis un jour : Fondons une cité
Digne du nouveau dieu par mon peuple adopté.
Choisissons, pour porter ses colonnes hautaines,
La place où s’élevait Sais, mère d’Athènes ;
La puissante Sais qui détacha du roc
Un temple tout entier, taillé dans un seul bloc :
Afin d’y consacrer, merveille illuminée,
La fête des flambeaux à la nouvelle année.
Fondons une cité dont les plans inouïs,
Surpassant tout l’effort des temps évanouis,
Dans son enceinte immense et sous l’arc de ses voûtes
Étalent des splendeurs qui les renferment toutes ;
Forçons l’antique Égypte, aux décombres épars,
A quitter le désert pour orner mes remparts.

On s’élance, on franchit des lieux infranchissables.
Semblables au sémoun, nous labourons les sables ;
Nous fouillons le désert, en redoublant d’ardeur,
Sur chaque point du sol où dort quelque grandeur.
Sans lasser aux travaux des peuplades serviles,
J’invente des leviers qui déterrent des villes.
Chaque siècle renaît, chaque siècle fournit
Son débris triomphal de bronze ou de granit,