Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/236

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Un écueil lumineux sur la mer Atlantique :
Ile où vint échouer le plus grand des vaisseaux
Qui jamais de la gloire aient sillonné les eaux ;
Ile, pour un exil, de tout monde écartée,
Où la victoire un jour jeta son Prométhée ;
Où le sort transforma, pour l’abattre à son tour,
Son étoile en comète et son aigle en vautour !
Autel où descendit sur le géant du glaive,
Le sacre du malheur pour l’absoudre d’un rêve !
Je me sentis ému dans mon cœur de lion.
Le vol d’Idaméel chercha Napoléon,
Et, planant un moment sur ces roches si nues,
S’abaissa vers un nom de la hauteur des nues.
Un saule mort marquait la place des grands os.
Quatre rois, par l’exil, tuèrent le héros :
Vainqueurs épouvantés dans leurs palais de marbre !
La nature cruelle a laissé mourir l’arbre ;
Et, plus sensible qu’elle à d’antiques malheurs,
Moi, pour le ranimer, je le baignai de pleurs.
Je voulus au vieux tronc rendre tous les feuillages
Que, pendant trois mille ans, de saints pèlerinages
Étaient venus cueillir sur ses rameaux sacrés.
Je commande… et soudain ses bras démesurés
Élèvent jusqu’aux cieux leur verdoyant prodige ;
De mille autres rameaux chaque branche est la tige.
O feuillage pieux, plus beau que les lauriers !!!
Tout ce que la ferveur des voyageurs guerriers
Put ravir de débris au saule expiatoire
Refleurit, et dans l’air monte en forêt de gloire.
Cent batailles d’airain, comme de grands oiseaux,
Semblent s’entre-choquer à travers les rameaux.
Et, tel qu’une colombe harmonieuse et pure,