Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/237

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Attristant de baisers cette pâle verdure,
Un jeune homme expiré loin du soleil natal,
Vient consoler l’exil du tombeau triomphal :
Épique monument, qu’à la gloire inquiète
Le sort avait choisi comme eût fait un poëte ;
Et qui semble toucher, des siècles escorté,
Aux confins radieux de l’immortalité !

Pour voir si ce héros valait sa renommée,
Je l’évoquai : non tel que le fit son année,
Lorsqu’en sa forte main, fier comme Idaméel,
Il soulevait l’espoir du sceptre universel ;
Mais tel que le malheur d’un nœud irrévocable
Vint l’enlacer, pareil à cet infâme câble
Qui faisait écrouler sur son fût souverain
De la hauteur du dieu son image d’airain ;
Lacérait les feuillets du livre de l’histoire,
Garrottait dans les cieux l’aile de la victoire,
Et sous les mêmes nœuds étranglait à la fois,
Devant tout l’avenir, l’honneur de quatre rois.

Je l’évoquai : son front sombre comme un orage,
Triste comme un écueil qui porte un grand naufrage,
Moulé sur les contours du monde impérial,
Se dressa près du mien et presque mon égal.
« Roi, me dit-il, je sais quels lauriers tu réclames ;
« On s’entretient de toi dans le pays des âmes.
« Et je disais ton nom quand ton pas colossal
« S’arrêtait pour fouler mon sépulcre vassal.
« D’empires renaissants tu veux doter la terre :
« As-tu sous ton œil d’aigle exploré leur mystère,
« Leurs lois, leur équilibre, et comment, sous le ciel,