Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/250

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Le lac, sans ton image, est un miroir moins pur !
Les cygnes qui formaient ta famille chantante,
Sont muets…. un orage a renversé la tente
Où de Cléophanor l’extase se voilait,
Où peut-être l’amour dans un songe veillait ;
Et quand de Sémida mes pas cherchent la trace,
Aux ronces du chemin ma pourpre s’embarrasse.
Et tu ne reviens pas ! voici mourir le jour ;
Habites-tu les cieux pour mieux fuir mon amour ?
Ces lys ombragent-ils ta tombe ? ô jeune femme !
Est-ce qu’en leurs parfums je respire ton âme ?…

*


J’explorais le vieux mont de nuages chargé,
Lorsque du fond d’un antre un soupir prolongé
S’élève… Est-ce la voix du père ou de la fille ?
Un Dieu peut violer les droits de la famille,
O vierge ! et cette fois, vainqueur de tes combats,
L’arche du mont Arar ne te gardera pas.
Vers la profonde nuit j’ose, à pas lents, descendre ;
Quel tableau !… le prophète expirait sur la cendre !
Il s’accoudait pesant à l’angle du rocher.
Son sourire invitait la mort à s’approcher ;
A s’approcher de lui, comme un hôte paisible
Connu depuis longtemps dans le monde invisible,
Et qui viendrait lui-même, avec des chants amis,
Nous apporter les dons qu’il nous avait promis.
L’œil du mourant brillait d’une lueur étrange.
Comme un albâtre saint sculpté par Michel-Ange,