Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/256

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Que l’âme du vieillard redemande sa fille,
Et, pour m’épouvanter, vient des hauteurs de l’air,
Passer et repasser dans ce douteux éclair.
Je me trompais… C’était un ange au lieu d’une âme :
C’était l’ange gardien de la dernière femme,
Qui semblait m’annoncer, veillant à son côté,
Que mon hymen encor me serait disputé.
Un pli mâle imprimait le dédain sur sa bouche.
Sa grande aile, flottant sur la funèbre couche,
Semblait envelopper d’un voile triomphant
Le lion, le cadavre, et l’immobile enfant.
Je m’élançai vers lui. — C’est moi, c’est moi ! — lui dis-je.
Mon cri de ses splendeurs dissipa le prodige :
Libre du Séraphin vers les cieux remonté,
Dans la grotte avec moi rentra l’obscurité.
Plus que de mon empire amoureux de ses charmes,
J’emportai vers le jour la vierge tout en larmes ;
Et devant l’antre obscur, sépulcre du vieillard,
Je roulai sous mon pied, un rocher de l’Arar.
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(L’enfer en était là de sa triple lecture,
Lorsqu’il sentit trembler la rouge architecture
De ses mille piliers, et sous le sol fumant
Vit ses monstres impurs rentrer confusément.
Il s’arrêta… C’était l’heure jamais prédite,
Où le Christ insulté sur la page maudite,
Traversait le chaos, Rédempteur clandestin !
L’abîme en ressentait le contre-coup lointain.
Gigantesque ornement des sombres Babylones,