Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/261

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« Imprimeront mon deuil sur la mousse des prés ;
« Je verrai s’incliner les rameaux du palmiste,
« Et ma place au soleil comme moi sera triste.
« Dieu me laisse des jours pour attendre et souffrir :
« Que ce monde désert est longtemps à mourir !

« Mon père !! apparais-moi la nuit près de ta cendre ;
« Je monterai demain, ce soir tu peux descendre ;
« En voyant mes regrets Dieu te le permettra,
« Et, bénie au saint lieu, ta main me bénira.
« Viens passer sous le chêne où tous deux nous passâmes ;
« "Enseigne à mes regards comment on voit les âmes.
« Et mêlant ta parole à la plainte des vents,
« Toi qui les as quittés, souviens-toi des vivants !
« Viens, j’essuierai mes pleurs ; des lys ceindront ma tête :
« Je ne t’appelle pas pour attrister ta fête !!!
» Dieu me laisse des jours pour attendre et souffrir :
« Que ce monde désert est longtemps à mourir ! »

Et moi, moi recueillant ses larmes virginales,
Je lui disais comment de magiques annales
Allaient recommencer pour ce globe sauvé ;
Sous un de mes regards l’Océan ravivé ;
Mon long voyage autour de mon muet royaume ;
Sainte-Hélène à mes yeux offrant le seul fantôme,
Le seul monarque mort assez grand, sous le ciel,
Pour parler de son nom devant Idaméel ;
Les tigres me suivant au désert de Cyrène ;
Tous mes peuples du Nil la demandant pour reine,
Lui dédiant de loin ma naissante cité ;
Et déjà l’avenir brillant de sa beauté,
L’avenir, frais rameau ressuscité par elle,