Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/274

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Des magiques lueurs qu’elle aime à regarder.
Il s’avance, voilé du charme qu’il déploie.
Tel le sombre requin, pour amuser sa proie,
Fait au loin devant lui nager, quelques instants,
Un poisson merveilleux, aux reflets éclatants.
L’œil se laisse surprendre aux courbes vagabondes
Du vivant arc-en-ciel qui joue au sein des ondes.
Tantôt subtil, rapide et brisant son essor,
Il perce les flots bleus de mille aiguillons d’or ;
Et tantôt, déployant la gaze de ses ailes,
Il fait pleuvoir des airs d’humides étincelles ;
Il distrait la victime, et le monstre puissant
Suit de ses jeux trompeurs l’éclat phosphorescent.

Que de fois, que de fois, lorsqu’aux forets prochaines
Le soir voilé dormait sous la fraîcheur des chênes,
Pour lui parler d’amour j’empruntai la douceur
De la voix des ramiers qui la nommaient leur sœur !
De la brise enivrant la fleur qu’elle a baisée ;
Du mimosa disant : — Je t’aime — à la rosée.
Pour conquérir la vierge aux soupirs des amants,
J’invoquais de la nuit tous les enchantements ;
Et je sentais alors, de mon espoir complices,
Sur nos longs entretiens déborder leurs délices.
Avec mon souffle, autour de ses cheveux aimés,
La nature envoyait des songes embaumés ;
Et malgré ses combats, malgré ses terreurs vaines,
La volupté des nuits ruisselait dans ses veines.
Si notre esquif au flot le soir s’abandonnait,
Au courant du bonheur le flot nous entraînait.
Elle échappait à Dieu ; Zéphire, à chaque haleine,
Lui fait tomber du cœur un anneau de i>a chaîne.