Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/275

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Le chant des bengalis endormait son effroi ;
L’onde en baignant ses pas les attirait vers moi.
Les étoiles sur nous se penchant d’elles-même,
Semblaient lui décerner les cieux pour diadème ;
La brise, le ramier, le mimosa rêveur,
Sollicitaient son Ame à changer de ferveur,
Comme un cygne au printemps, sous des berceaux d’ombrage,
Pour de nouveaux hymens vient changer de plumage.

Et cependant, ainsi qu’un remords obstiné,
Le lion sans regards, au sépulcre enchaîné,
S’agitait dans ses fers et dans sa haine ardente,
Du tombeau paternel voix lointaine et stridente !

Que de fois sur l’Arar, quand l’orage en fureur
Enveloppait les monts sillonnés de terreur,
Pour surprendre ses flots à leur source écumante,
Mon char miraculeux enleva mon amante !
Assise à mes côtés, le front sur mes genoux,
Du vertige enflammé qui volait avec nous
Elle suivait sans peur les routes inconnues.
L’aigle avait des amours moins rapprochés des nues.
Je voyais dans mes bras l’enfant silencieux
Rougir de son bonheur en regardant les cieux.
Les vents nous escortaient, et sur mon sein pressée,
L’éclair illuminait ma belle fiancée.
L’orage adulateur enflait ses cheveux d’or.
Colombe à qui l’amour prête un vol de condor,
Elle quittait son nid pour planer sur son aire.
Je lui parlais d’hymen au berceau du tonnerre ;
Et son cœur, en fuyant sa mystique prison,
S’agrandissait d’orgueil comme notre horizon.