Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/277

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Elle priait longtemps ; et puis parlait tout bas
Au céleste rival que je ne voyais pas,
A l’ange protecteur de sa vie innocente.
Je suivais ma victoire à sa pâleur croissante ;
Et la vierge baissait son front décoloré,
Afin que son amour ne fût pas mesuré.
Elle m’appartenait, il ne fallait qu’attendre ;
Car elle était plus triste et n’était pas moins tendre,
Lorsqu’elle revenait de l’archange au maudit.
Un soir, tombant mourante à mes pieds, elle dit :
« Pour de si grands combats Dieu ne m’a point formée
« Ma force se consume au bonheur d’être aimée.
« Oh ! grâce, Idaméel, grâce, ô mon jeune amant,
« Je ne puis plus porter le poids de mon serment.
« De lutter tout un jour je n’ai plus la puissance ;
« J’ai déjà tant souffert rien que de ton absence !
« Rien qu’à te regretter mon cœur s’est épuisé ;
« Je voulais te le dire et ne l’ai point osé.
« La verdure d’Arar avait perdu ses charmes,
« Je ne la voyais plus qu’au travers de mes larmes.
« Je disais à mon père : Oh ! qu’avait-il donc fait ? ,
« De l’hospitalité trahissant le bienfait,
« Avait-il du palmier défleuri la couronne,
« Ou troublé le respect dont je vous environne ?
« Avait-il d’un épi vert appauvri nos champs,
« Ou troublé d’un regard la ferveur de mes chants ?
« Le ciel à son orgueil aurait mis quelque digue :
« Vous avez de vos bras chassé l’enfant prodigue,
« Après avoir scellé dans un funeste don
« Son châtiment sans fin par un jour de pardon !
« Il n’était que courbé, le baptême l’écrase ;
« Son temple de salut s’écroule par la base !