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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/278

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« Mon père !… et de mon deuil je couvrais l’horizon,
« Cet horizon de fleurs qui formait ma prison.
« Je suivais par l’esprit le vol de votre gloire,
« Je cherchais mon bonheur au fond de ma mémoire.
« L’extase que mes nuits empruntaient aux élus,
« Sur ma lèvre effrayée avait un nom de plus !
« A votre souvenir ma vie était liée ;
« J’affligeais d’Éloïm la tutelle oubliée ;
« J’associais mon père à mon regret mortel ;
« Je troublais l’espérance à son dernier autel !
« Idaméel ! tu vois si je t’aime !… oh ! pardonne,
« Rends-moi dans ton amour plus que je ne te donne ;
« Ne flétris pas mon front avec ta royauté,
« N’enchaîne pas mon âme avec ta liberté !
« Si j’ai dans un orage adoré ta présence,
« Si mon œil s’est fixé sur ton éblouissance ;
« Si, battant sur ton sein, mon sein s’est enivré
« De ta création, chef-d’œuvre immesuré ;
« Ose escorter mon vol bien plus haut que ta course !
« Nous touchions au soleil, suis-moi jusqu’à sa source !
« Ose prendre à ton tour les rênes que je tiens,
« Suis-moi… le char d’Élie est plus beau que les tiens !
« Suis-moi, notre union veut une autre patrie.
« Vois l’hymen embaumé de la vallisnérie :
« Tant que règne l’hiver, et l’amante et l’amant
« Languissent sans parfums sous le fleuve dormant ;
« Mais, quand vient le printemps, quand la riche nature
« Courbe sur leur tombeau ses arches de verdure,
« La belle fleur des eaux ne veut pas, loin du jour,
« Au fond de l’onde froide ensevelir l’amour.
« Elle veut, dégageant sa robe prisonnière,
« Comme ses sœurs des prés aimer dans la lumière ;