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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/282

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« De ta virginité le fléau nous dévore,
« Et dans l’éther craintif brillent, pour t’accuser,
« Tant d’astres qu’éteindrait l’absence d’un baiser.
« Pour le berceau d’un fils abjure tes chimères ;
« Ouvre à ton cœur aimant le paradis des mères.
« L’Éternel, me dis-tu, réprouve nos liens !
« Craint-il que tes enfants soient plus beaux que les siens ?
« Lorsque de notre globe il résout le supplice,
« Prend-il de ses fureurs la femme pour complice ?
« Et contre mon pouvoir s’armant de ton remord,
« Ne veut-il voir en toi qu’une sœur de la mort ?
« Devons-nous lui livrer, parce qu’il te contemple,
« Les os de l’univers pour étayer son temple ?
« Non, non, tout l’univers de toi seule est rempli ;
« Pour le laisser périr tu l’as trop embelli.
« Ton regard sur les fleurs comme une aurore glisse ;
« Ta gloire flotte et court de calice en calice.
« L’abeille te dédie, en son vol enflammé,
« De ses moissons de miel tout l’espoir embaumé.
« En te voyant passer, l’hermine plus joyeuse
« Frissonne de bonheur dans sa robe soyeuse ;
« Et l’arc-en-ciel attend notre hymen, et le jour
« A besoin, pour briller, de tes rayons d’amour.
« Tu dois, tu dois un monde à ma toute-puissance
« Monde que ton regard doterait d’innocence ;
« Monde né de nous seuls, qui te ressemblerait,
« Qui porterait ton nom et qui t’admirerait ;
« Qui prendrait de tes traits la douceur et la grâce,
« Pour tempérer d’amour la fierté de ma race ;
« Qui boirait les parfums de tes cheveux flottants,
« Pour embaumer les nuits de ses nouveaux printemps ;
« Qui dirait aux oiseaux les sons de ta parole,