Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/283

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« Pour donner l’harmonie à leur concert qui vole !
« Ce sort si plein de flamme, oh ! pourquoi t’en bannir ?
« T’obstiner au néant devant tant d’avenir ?
« Vois mes peuples lointains t’adressant, en offrande,
« Leurs mille arcs triomphaux sauvés par ta guirlande,
« Vois l’homme, à mon génie allié désormais,
« Du rang qu’il a perdu regagner les sommets ;
« L’humanité fleurir inspirée et complète,
« Briller sur chaque front l’étoile du poète.
« Vois dans son vol fécond, tel qu’un gland des forêts,
« L’aigle des souvenirs emportant mes secrets,
« Du Nil à l’Immaüs, des Andes jusqu’au Tage,
« Pour les siècles, nos fils, en semer l’héritage.
« Vois ce globe oublier, dans ses nouveaux élans,
« L’orbite de malheur parcouru dix mille ans ;
« Et dépasser, montant vers sa métamorphose,
« Les rêves de Platon à leur apothéose.
« D’un bienfait si réel quel délire est vainqueur ?
« L’extase séraphique a-t-elle usé ton cœur ?
« Les anges t’ont parlé du ciel, d’amour peut-être ;
« Mais ils ont oublié celle qui le fait naître.
« Ils t’ont dit tous les noms des œuvres de leur roi ;
« Mais ils ont oublié de te parler de toi.
« Ils t’ont de la nature expliqué le symbole,
« Mais ils ont oublié, pour le temple, l’idole !
« Les anges, Sémida…. ce n’est point blasphémer !
« Ne pouvant pas souffrir, ne savent pas aimer !
« Moi, je t’aime, et mon cœur vole vers ton image,
« Tantôt comme un encens, tantôt comme un orage.
« Je t’aime, Sémida ; je sens brûler en moi
« Des foudres que l’amour n’alluma que pour toi,
« Et dont il adoucit l’éclair, flamme inquiète,