Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/285

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La rosée, autre miel dormant dans leurs calices,
j’aspirai de ses pleurs les humides délices.
Un nuage plus beau que la clarté des cieux,
Pour les voiler d’amour frissonna sur ses yeux.
Déjà du Dieu jaloux je démentais l’oracle ;
Déjà sous un baiser s’achevait le miracle,
Et déjà de la vie arborant les couleurs,
Mon Éden de victoire ouvrait toutes ses fleurs !…
Fallait-il qu’un remords me fît tomber du faîte !
La vierge s’épouvante au cri de sa défaite,
Et son sang à longs flots refoulé vers son cœur,
Laisse son front glacé sous mon baiser vainqueur.
« Éloïm.. Éloïm… descends vers moi, » dit-elle,
Et dévoilant soudain sa céleste tutelle,
L’ange qu’elle invoquait déploie entre nous deux
Tout l’orage étoilé du bouclier de feux.
Pour ce suprême appel, pour ces luttes insignes,
Il a de sa puissance allumé les grands signes.
Enchaînant sur le sol leur élan souverain,
Prêtant un bruit de foudre à leurs plumes d’airain,
Le frisson des fureurs ouvre et ferme ses ailes ;
Son pied change le sable en fleuve d’étincelles ;
Et l’œil ne peut connaître à ses voiles d’éclairs,
S’il descend de la nue ou monte des enfers.

« Je viens à toi, dit-il, vierge ; Dieu te contemple ;
« La céleste pudeur te destine à son temple.
« Et j’ai dit aux élus : — Regardez ce débat ;
« Sur la terre d’Adam c’est le dernier combat,
« Le dernier, qui se livre en ce jour mémorable,
« Entre les sens bornés et l’âme immesurable !
« A qui donc la victoire et l’éternel honneur ?