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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/286

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« Je marque la limite au champ-clos du Seigneur.
« Sous mon œil protecteur, vierge, triomphe encore ;
« Mais ne m’approche pas, ma royauté dévore :
« Dieu prête sa couronne à ses ambassadeurs,
« Il a mis sur mon front la foudre des splendeurs. » —

Et moi je lui réponds : — « J’aime ces nobles marques ;
« C’est par ambassadeurs qu’on traite entre monarques,
« Eloïm, et ton roi ne t’aura pas en vain
« Habillé des éclairs de son manteau divin !
« Viens, et que par tes yeux les célestes milices,
« Des amours du maudit contemplent les délices.
« Penche-toi, penche-toi, tressaillant de désir,
« Vers ce bonheur mortel que tu ne peux saisir ;
» Viens, et jette au néant tous tes beaux rêves d’anges,
« En les voyant réels palpiter dans nos fanges !
« Autant que Sémida, son amant tïnvoquait ;
« Aux noces d’une vierge un séraphin manquait ! »

Et m’élançant alors, ainsi qu’un Dieu sublime,
Qui, voyant loin de lui s’échapper la victime,
Agite l’or vivant de son sceptre immortel,
Et pour la ressaisir s’élance de l’autel,
Ma frémissante main vers l’épouse rebelle,
Que sa pâle terreur rendait encor plus belle,
S’étend… O choix funèbre entre un archange et moi !
Triste honneur du martyre obtenu par l’effroi ;
Sur le cœur d’Eloïm la peur la précipite…
Mais dans ce cœur de feu, c’est la mort qui palpite,
C’est la mort foudroyante ; et cet embrassement,
Séraphique adultère aux yeux de son amant,
Consume tout l’espoir de mon amour trompée !