Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



L’ANGE DE L’AIR.


Tu meurs, ô Sémida ! fugitive colombe,
Tu meurs, et l’avenir n’a qu’un jour pour ta tombe ;
Un seul jour, et demain tu ressusciteras,
Loin de ce globe froid trépassé dans nos bras !
De ce globe adoré, plus beau que tous les autres,
Que Dieu laissa tomber de ses mains dans les nôtres,
C’est moi qui chaque jour, avec fidélité,
D’un manteau transparent couvrais sa nudité.
Mon souffle créateur était son atmosphère.
Oh ! que j’aimais, le soir, à balancer sa sphère
Dans les vagues contours de mon empire bleu !
Frère de la lumière et premier né de Dieu,
J’animais du grand tout les plus humbles parcelles ;
Ma force au feu vital donnait ses étincelles ;
J’animais la nature, et dans mon sein d’amant
L’existence puisait son plus pur élément ;
Et la terre, aspirant mon haleine jalouse,
Dormait entre mes bras comme une blonde épouse.
Sans mes couleurs, son ciel muet, inanimé,
N’eût été qu’un dais noir de lueurs parsemé.
En arc-en-ciel flottant, rayonnante parure,
Les sept pinceaux du jour teignaient ma chevelure.
Aux déserts africains, sous le soleil penchant,
J’attachais le mirage aux prismes du couchant ;
Et dans les nuits du Nord de prestiges remplies,
Mon regard allumait les belles parélies.
Aux brises du matin je mesurais leur vol.
Sans moi, de l’ouragan au chant du rossignol,