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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/296

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J’enferme en ton cercueil ma limpide couronne ;
Des ombres de ta mort mon regard s’est voilé,
.Te perds trop de splendeurs pour être consolé !
Ce monde était à moi… mon flot que rien n’altère
Disputait aux volcans le noyau de la terre ;
Je m’y creusais ma route, et chaque sept mille ans,
Pour submerger ses monts je sortais de ses flancs.
J’emportais, je changeais sa verdoyantes robe,
Et j’étais, après Dieu, l’architecte du globe ;
Et ne cherchant que moi dans leur course sans fin,
Tous les fleuves baisaient mes pieds de séraphin.
C’est ma main qui dressait les vagues clés deux pôles
En étages glacés de fumantes coupoles ;
Et puis, pour démolir leur stérile hauteur,
Mon vol allait chercher les vents de l’équateur :
Préparés au combat, ces vents, comme une armée,
Suivaient, chaque printemps, leur route accoutumée,
En poussant vers les blocs dont l’hiver est gardien
Les courants attiédis du flot torridien.
Attaquée à sa cime, attaquée à sa base,
La coupole croulait sur la mer qu’elle écrase ;
Elle croulait… sauvant du choc retentissant
Chacun de ses cristaux en mont éblouissant.
Des fleuves en tombaient plus grands que l’Amazone,
Et ces pics de glaçons allaient, de zone en zone,
Étaler au soleil leur prisme voyageur,
Vers l’océan du Sud promener la fraîcheur ;
Et leur vapeur, volant sur la terre épuisée,
Lui versait la jeunesse en perles de rosée.
Si je frappais les eaux de mon pied souverain,
Jaillissait jusqu’au cieux le volcan sous-marin ;
Et la trombe à grand bruit, sur l’élément liquide,