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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/299

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Battre sous notre main ton cœur de trépassée.
Et tes anges gardiens, longtemps silencieux,
Vont pleurer sur ta cendre à la porte des cieux.
Nous étions descendus pour compléter ta gloire,
A nos frères absents nous portons ta mémoire.
S’il est d’autres esprits, là-haut, du même rang,
Dont l’amour ait gardé quelque univers errant,
Nous parlerons ensemble et, du soir jusqu’à l’aube,
Chacun racontera l’histoire de son globe.
Oh ! quelle vaste lutte entre les narrateurs !
Drame multiple ayant des mondes pour acteurs.
Que d’intérêts sacrés ! que de fronts angéliques
Penchés vers les récits des Homères cycliques !
Même après ton naufrage, oui, tu nous appartiens,
Ta grande ombre vivra dans tous nos entretiens.
Nous dirons les parfums de tes œuvres bénies,
Des vierges et des lys les douces harmonies ;
Riais nous ne dirons pas, ô terre ! qu’en tes champs
Fleurissaient des poisons, comme au cœur des méchants.
Nous dirons ton réveil avant ton premier rêve,
Ta jeunesse semblable à la nudité d’Eve ;
Mais nous ne dirons pas, nous voilant de douleur,
Que le crime en ton sein fécondait le malheur.
Nous irons, fraternels, apprendre à l’Empyrée
Comment tu souriais dans ta robe dorée ;
Et tes jours de tristesse et tes jours triomphants,
Les noms que tu donnais aux siècles tes enfants ;
Les flambeaux vacillants élevés sur leur route ;
Tes fleuves du savoir, détournés par le doute ;
Tes grands hommes, marchant de périls obsédés,
Pour léguer leur vitesse aux peuples attardés ;
Les révolutions, gigantesques délires,