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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/300

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Qui passaient de ton flanc dans celui des empires ;
Tes Balbeck sous le sable, ou, dans les champs d’Enna,
Tes Catane croulant au fond de tes Etna ;
Tout ce que nous lisions sur ton front séculaire,
Emportés tous les trois dans ton vol circulaire ;
Et s’approchant de nous, peut-être, après ta mort,
Dieu nous expliquera l’énigme de ton sort.

Adieu, terre ! il est tard et l’heure est sans refuge.
L’espérance avec nous traversait le déluge ;
Quand Jérémie avait le front sur ses genoux,
L’espérance appelait d’autres siècles pour nous ;
Biais quel siècle à présent renaîtrait de sa tombe,
Quand le temps tout entier dans l’éternité tombe !

Adieu, terre ! il y tombe, et nous suivons, penchés,
Sa chute qui descend dans des gouffres cachés ;
Et nous pleurons toujours notre sainte tutelle,
Nous t’admirions assez pour te croire immortelle :
Nos cœurs qui, pleins d’amour, dans ton air respiraient,
Oubliaient en t’aimant que les mondes mouraient.

Adieu terre ! nos fronts pour deuil prennent ta cendre ;
L’ange doit remonter, Jésus-Christ va descendre.
Son regard va venir fouiller ton sein dormant.
Nos sanglots troubleraient l’heure du jugement,
Et nous devons te fuir avant l’arrêt suprême,
De peur, parmi tes morts, d’être jugés nous-même.

Adieu, terre adorée ! amante, épouse, adieu !
Oserons-nous monter si tristes devant Dieu ;
Et blessés jusqu’au cœur sous nos puissantes armes,