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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/302

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De ses voiles traînants couvre le mausolée.
Tu contemples ce sol où ta pitié germa,
Où l’ange avec son cœur comme un de nous aima.
Et lorsque, plus que toi, j’ai perdu ma conquête,
Tu passes sans me voir au-dessus de ma tête.
Tu fuis en soupirant de ses flancs entr’ouverts,
Ame triple, attachée au corps de l’univers !
Tu laisses Sémida, tu fuis ses chastes restes,
Seule cendre arrosée avec des pleurs célestes !
Et pour la voir bénir le Dieu que je maudis,
Tu rejoindras son âme au seuil du Paradis.
Tu prends entre tes bras, à ses neiges ravie,
L’arche d’où je n’ai pu faire sortir la vie,
Et tu vas la porter au ciel oriental,
Vaisseau qui doit flotter sur la mer de cristal.
Chaque élan de ton vol vers la patrie absente,
Refroidit d’un degré la terre gémissante ;
Et tu montes toujours… Déjà loin de notre air,
Tu n’es qu’un point douteux décroissant dans l’éther :
Ainsi, vers la clarté, de nuage en nuage,
Fuit l’albatros sortant des gouffres d’un orage.

*


Depuis trois fois sept jours, sous son poids incliné,
Mon front vers le soleil ne s’était pas tourné !
Le soleil n’avait pu vivifier sa flamme,
A la part que mes yeux lui jetaient de mon âme :
J’avais négligé l’astre, et, voilés de pâleur,
Ses rayons dans les cieux étalaient ma douleur.
Et le deuil de son disque à mon deuil se mesure ;
Nous succombons atteints de la même blessure ;