Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/301

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Devons-nous dans le ciel emporter tant de larmes ?
Oui ! nos gémissements sont pardonnes… il faut
Les pleurs des séraphins aux œuvres du Très-Haut.

*


Ils se taisent alors, et l’adieu symbolique
Expire désolé sur la lèvre angélique.
Et leurs larmes de deuil les inondent à flots ;
Et leur douleur ruisselle en hymne de sanglots ;
Car en cette heure sombre et que la mort amène,
Aux lamentations manque la voix humaine ;
Et quand la terre touche à son dernier frisson,
Nul Bossuet géant n’est là pour l’oraison ;
Et la mère a déjà repris dans ses entrailles
Tous les fils qui pouvaient gémir aux funérailles.

Les trois puissants esprits se prennent par la main.
N’as-tu pas de tes cieux oublié le chemin,
Trinité séraphique à la terre liée ?
Tu rouvres lentement ta grande aile pliée,
Ton aile qui longtemps semble fixée au sol,
Tant le poids de tes pleurs alourdissait son vol !
Puis, comme un aigle noir blessé loin du tonnerre,
Incertain en montant d’arriver à son aire,
Tu flottes tournoyante, épanchant tes regrets
De la mer aux vieux monts, des déserts aux forêts.
Tu ne peux pas quitter, tant la chaîne était forte,
Ce qui reste de toi sur la planète morte.
Ton front touche la nue, et dans son lent essor,
Aux rameaux des palmiers ton aile traîne encor.
Telle une veuve, l’œil sur la voûte étoilée,