Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/304

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Dans les replis du cœur ou ceux de la pensée,
Reparaît, déployant ses feuilles par millier,
Tantôt lys virginal, tantôt mancenillier.

Des mondes à venir partageant le domaine,
Tous les fruits qu’a portés la conscience humaine,
Renferment un miel pur, ou, trésor vénéneux,
L’éternité du ver que nous mîmes en eux !
Car la rédemption, cette marâtre blême,
Sauve ses fils, pourvu qu’ils se sauvent eux-même ;
Car le sang de Jésus, versé sur l’univers,
N’emplit que la moitié des sépulcres rouverts,
Et semble ne baigner, si haute est sa stature,
Le spectre de la mort que jusqu’à la ceinture ;
Et l’ombre de la croix laisse à nu, devant lui,
Tous les cœurs condamnés où ce sang n’a pas lui.
Et moi, j’insulte encor le dieu dont tout s’effraie ;
Mon orgueil ne pourrait se noyer dans sa plaie,
Son sein de rédempteur ne pourrait l’absorber :
Les clous de Golgotha me laisseraient tomber !
Venez à moi, maudits… La montagne est mon trône.
Que de siècles pressés autour de ma couronne !
Leur foule, dont mon front dépasse la hauteur,
Oublie en me voyant l’ange exterminateur ;
Et n’apercevant pas l’arrêt de mon supplice,
Demande si je suis son juge ou son complice.
Je parais, sur l’Arar au milieu des deux camps,
De cette éruption dominer les volcans ;
Et mon œil dans leur sein peut, tout fier d’y descendre,
Suivre de morts en morts ces annales de cendre.
Et la terre chancelle, et ses flancs sillonnés
Rendent au jour ses fils, du cercueil nouveau-nés.