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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/310

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Baisant deux pieds charmants par la frayeur pâlis ;
Et, tout baigné de pleurs dont ; son amour s’augmente,
Posant, voluptueux, l’ongle sur son amante.
Et la foule romaine en tumulte applaudit…
Ainsi les bataillons du grand peuple maudit
Applaudissaient, croyant, dans l’impudique enceinte,
Aux bras d’Idaméel voir Sémida la sainte.

Mais voilà qu’un gardien du lac lourd et fumant,
D’une trombe entouré, comme d’un vêtement,
Et guidant, comme un char, la vague qui le porte,
Vient vers Idaméel du fond de la mer Morte.
« Je parcourais l’espace où mes sombres vaisseaux,
« Tels que des cormorans plongeant au sein des eaux,
« Entraînent avec eux les âmes submergées,
« Dont éternellement leurs poupes sont chargées.
« Sans jamais se lasser, sans jamais te trahir,
« Notre esprit de démon, s’usant à t’obéir,
« Surveillait, excitait les humides supplices
« Où l’éclair de tes yeux se baigne avec délices.
« Tout à coup sur le gouffre, océan de l’enfer,
« Qu’un ouragan sans fin bat d’une aile de fer,
« Brille un être inconnu. Mes ondes apaisées
« Se changent, quand il passe, en timides rosées ;
« Elles baisent ses pieds, et plus maître que moi,
« Adamastor paisible, il s’y promène en roi.
« Et son regard commande, et son sceptre réclame
« Tous nos flots, coursiers verts, dont chacun traîne une âme.
« Son image apparaît sur la mer des tourments,
« Comme un disque de lune au sein des lacs dormants.
« Mes écueils sous ses pieds ont perdu leurs naufrages,
« Le calme de son front attiédit mes orages !