Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/311

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« Accours, ou pour jamais, loin de son souverain,
« Achève d’expirer ton volcan sous-marin.
« Accours, et saluant ta victoire exemplaire,
« Que l’Océan qui dort s’enfle de ta colère ;
« Et que durant mille ans, comme un ours blanc noyé,
« Soit roulé dans mes flots l’inconnu foudroyé ! »

Il disait ; mais voilà que les gardiens funèbres,
Veillant au seuil plaintif des prisons de ténèbres,
S’approchent… « Roi du mal, un inconnu puissant
« Insulte à notre nuit d’où le maître est absent.
« Autour des durs cachots, comme un larron, il erre ;
« Il franchit sans l’ouvrir leur porte séculaire ;
« Puis montant, descendant les larges escaliers,
« Faussant entre leurs doigts les clefs des hauts geôliers,
« Il imprime en vainqueur sur les marches glacées,
« Ses sandales d’or pur, dans la flamme passées.
« S’il touche les anneaux que nous avons rivés,
« Sa main les élargit aux bras des réprouvés.
« Il s’incline vers tous, portant de l’un à l’autre
« Le rayonnant salut de son regard d’apôtre.
« Au plus noir de l’enceinte en vain nous l’attirons,
« Son baiser pacifique illumine les fronts.
« On le voit des damnés sonder la sépulture,
« Et replier la nuit qui leur sert de ceinture,
« Et parcourir muet l’espace illimité,
« Où le crime autour d’eux s’est fait obscurité.
« Quel est son nom ?… Vient-il t’arrêter dans ta course,
« Et tarir le génie infernal à sa source ?
« Vient-il, prenant les fers qu’il détache aujourd’hui,
« Se faire usurpateur des souffrances d’autrui ?
« Ce captif inconnu, sans nom et sans parole,