Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/313

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« Accours, Idaméel, viens venger ton outrage,
« Et de tes léopards démuseler la rage.
« De cet audacieux viens fustiger les torts,
« Viens redonner ton aine à tes alligators ! »

Soudain Idaméel s’adressant aux fantômes :
« Apparaître à la fois dans trois de mes royaumes !
« Dans trois de mes enfers combattre au même instant !
« Allez dire à ce roi que l’empereur l’attend.
« Son audace me plaît ; allez. » Et tous ensemble,
Les sinistres gardiens qu’un même effroi rassemble,
Partent, et ramenant l’être surnaturel,
S’étonnent d’accomplir l’ordre d’Idaméel.

Laissant des deux côtés de son pale visage,
Tomber de ses cheveux le pacifique ombrage,
L’étranger s’avançait, par trois démons conduit,
Ainsi qu’une blancheur sur les pas de la nuit.
Il s’avançait au sein du gouffre sans limite.
Élisée, éveillant la jeune Sunamite,
Sans doute dans ses traits avait l’expression
De ce front tout empreint de résurrection !
Ligne où les purs contours rendent l’esprit visible,
Miracle de la forme à l’art inaccessible,
Profil majestueux, primitive beauté,
Type saint dont Adam priva l’humanité.
D’une grâce sans nom son maintien se décore.
Sa taille, comme un pin tout baigné dans l’aurore,
S’élève et fait flotter, ineffable couleur,
De sa robe d’azur l’indécise pâleur !
Abîme de pitié, traversé d’espérance,
Quelquefois son regard voile sa transparence,