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Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/312

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« Au milieu de tes fils joue un étrange rôle,
« Seigneur maître, et jamais ta triple royauté
« Ne t’éleva toi-même à tant d’autorité ! »

À peine ils achevaient… Les gardiens de l’arène,
Où chaque grain de sable est une tête humaine,
S’approchent à leur tour… « Roi, nos tigres grondants
« Laissent les criminels s’évader de leurs dents.
« Un être apprivoisant jusques aux vautours chauves,
« Et nommant par leur nom toutes nos bêtes fauves,
« A parcouru trois fois le grand cirque orageux
« Où l’enfer, de Titus vient imiter les jeux,
« Où le taureau s’irrite et, lançant sous la nue
« Avec l’ours monstrueux la jeune fille nue,
« S’embarrasse lui-même en des nœuds étouffants
« Au milieu d’un combat de dix mille éléphants.
« Quel est ce Daniel qui, troublant ton empire,
« Dans nos cages d’airain si librement respire,
« Ose enfoncer ses mains aux nids des stellions,
« Et s’accouder en paix sur le dos des lions ?
« Sa parole est un charme ; et lorsqu’il fait un signe,
« L’espérance aux enfers ouvre son vol de cygne.
« Il flatte les damnés que nos réseaux ont pris ;
« D’hymnes consolateurs entrecoupe leurs cris ;
« Il ramollit sur eux l’ongle de nos panthères,
« Ou prononçant tout bas des mots pleins de mystères,
« De leurs membres tordus détache, plis à plis,
« Tes dragons écaillés sous ses mains assouplis.
« Deux léopards jumeaux que l’abîme renomme,
« Qu’eût enviés Néron pour les plaisirs de Rome,
« Sont venus se jouer comme deux jeunes faons,
« Onduleux et craintifs, à ses pieds triomphants.