Aller au contenu

Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ton peuple, Idaméel, se prépare au combat ;
« Mais jusqu’où montera notre fier capitaine,
« Pour trouver un rival au niveau de sa haine ?
« Quel espace sans nom doit être parcouru ?
« De leur ciel dévasté les dieux ont disparu ;
« Et nous entraînerions vers la trompeuse voûte
« Le chaos avec nous, pour compagnon de route.
« On peut s’en rapporter à moi, contemporain
« Des plus vieux noms inscrits sur la pierre ou l’airain ;
« A moi qui, l’œil ouvert, loin de l’ombre où nous sommes,
« Ai gardé tous les dieux qui gardèrent les hommes ;
« Et dont l’ongle de fer sur sa base a rivé
« Chaque immortel d’un jour, par les siècles rêvé.
« J’ai demandé pour eux sur la rive thébaine
« L’aumône d’un autel à la frayeur humaine.
« De ses sables brûlants l’Égypte a vu surgir
« Ceux que j’ai fait parler, ceux que j’ai fait mugir,
« Et ceux que j’ai vêtus, devant leur mille apôtres,
« Quand les haillons divins passaient des uns aux autres.
« J’ai connu, j’ai pesé tous ces dieux mensongers ;
« Ma croupe de lion les a trouvés légers ;
« Mais la terre, leur mère, au bruit de leur doctrine,
« Sous l’Olympe étouffant qui pressait sa poitrine,
« Tressaillait de douleur, payant par cent combats
« Chaque dieu nouveau-né qu’elle berce en ses bras.
« On peut s’en rapporter à moi, sous mon portique,
« De tant de songes vains symbole énigmatique.
« Crocodiles, dragons, anubis, éléphants,
« Dieux à la mitre d’or, dieux vieillards, dieux enfants,
« Nourris de sang humain ou de sang de colombe,
« Dans des cieux différents trouvant la même tombe ;
« Grands rameaux qui changeaient de fruit tous les mille ans !