Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/319

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« Nous préférions souvent, lassés d’un sort pareil,
« L’ombre du suicide à l’éclat du soleil ;
« Et comme un grand sarcasme, en un jour d’ironie,
« A la face de Dieu nous lancions notre vie.
« Double nature, nœuds étranges… l’infini
« Dans un hymen souffrant au néant réuni ;
« Adultère union, nuit qui rêve l’aurore ;
« Larve que l’on condamne à ne jamais éclore ;
« Tel fut l’homme !… ce roi qu’un seul souffle brisait.
« En nous par chaque sens la mort s’introduisait ;
« La vieillesse, présent de mépris, de colère,
« Étalait sur nos fronts son masque séculaire ;
« Le sommeil, cet Éden qu’on daignait nous laisser,
« Eut ses noirs chérubins venant le traverser,
« Et dont incessamment les lames flamboyantes
« Jetaient sur nos remords des lueurs effrayantes.
« Dieu mit dans notre cœur, à tous les vents livré,
« Le chaos d’où le monde avait été tiré.
« Ce sort était amer ; mais pour le rendre pire,
« Pour glacer notre lèvre à son dernier sourire,
« Pour faire circuler, déjà presque tari,
« Aux veines de la terre un sang plus appauvri,
« Christ parut dans le monde ; il acheva d’en faire
« Un sentier de rochers semblable à son Calvaire.
« Adieu les songes d’or, l’enthousiasme…. adieu
« Les immortels, rêvés pour consoler de Dieu !!!
« Adieu Vénus la blonde… Arrachant sa ceinture
« Des flancs décolorés de la triste nature,
« Elle s’enfuit ; et Christ, tout pâle à son autel,
« Étouffa nos plaisirs sous l’éponge de fiel ;
« Nourrit nos voluptés comme son agonie ;
« Sa doctrine reçut les larmes pour génie,