Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/325

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« Quoi, tu ne sus, géant, sur ton front, en tout lieu,
« Qu’altérer pour l’enfer l’image de ton Dieu !!
« Quoi, tu ne compris pas cette croix solennelle,
« De la création clef de voûte éternelle,
« Arbre générateur des siècles respecté,
« Axe sanglant sur qui tournait l’humanité !
« Tu blasphèmes le Christ ! ce Dieu de la souffrance !
« Sais-tu quelque horizon plus beau que l’espérance ?
« Tu blasphèmes le Christ ; as-tu compté ses maux ?
« Sais-tu quels fouets brûlants ont mis à nu ses os ?
« Sais-tu que pour la main même qui le flagelle,
« Il sortait de ses chairs une vertu nouvelle,
« Et que son sang coula dans le cercle des jours,
« Une heure à Golgotha, sur l’univers toujours !!!
« Il passa par la nuit et par la tombe impure,
« D’Adam mort en Éden formidable figure ;
« Et dans ses bras vainqueurs vers le jour souleva
« L’homme réengendré du cœur de Jéhova !
« Lorsque tout s’écroulait de l’arène au lycée,
« Christ étaya le monde avec une pensée ;
« Rome alla dépouiller sa souillure aux déserts ;
« L’Olympe des Néron fut balayé des airs ;
« Et pour l’associer à son triple mystère,
« Le Thabor rayonnant transfigura la terre.
« Tout instinct social aurait été vaincu,
« Si trois siècles de plus Jupiter eût vécu.
« Et ce n’est pas en vain, dans les mêmes hommages,
« Que l’âme de Platon devança les rois mages ;
« Et ce n’est pas en vain que son œil inspiré
« Vit resplendir le Verbe au ternaire sacré :
« Le Verbe, effusion qui, lorsqu’on veut renaître,
« Nourrit de sucs vivants les racines de l’être ;