Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/330

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Propageant une idée à l’aide du bourreau,
Changeant le char des rois en rouge tombereau !
Robespierre !… artisan des publiques tempêtes,
Nain devenu colosse en abattant des têtes,
Et qui, pontife étrange, au terrestre séjour
Osa décréter Dieu mis à l’ordre du jour !
« C’est Louis, a-t-il dit… Sous nos sombres coupoles
« Laissez-moi recoller sa tête à ses épaules,
« Sa tête qu’il n’a plus et que le fer coupa ;
« Je la porte eu mes mains depuis qu’elle tomba.
« La nuit, sur mon chevet de pierre je la place,
« Et ma lèvre frissonne à son baiser de glace ;
« A son baiser d’amour, à ce signe clément,
« Dont le roi des enfers a fait mon châtiment.
« Car j’ai versé jadis, sous la hideuse lame,
« Plus de sang qu’il n’en faut pour submerger une âme.
« Escorté par la mort, des cités aux hameaux,
« J’ai trop de l’arbre humain émondé les rameaux.
« C’est Louis, qui d’en haut vient, ayant Dieu pour guide,
« M’absoudre de mon nom et de mon régicide.
« C’est Louis !… » Et ce cri court d’échos en échos,
Voix, dans la nuit, pleurant de l’abîme au chaos.

Idaméel se lasse et dit : — « Elle est étrange,
« Cette voix du remords où ton nom trois fois change !
« Louis, Ninus, Abel… triple étranger, suis-nous
« Vers un dernier témoin, le mieux instruit de tous ! »

*


Un mont, dressant plus haut que les plus hautes cimes
Ses rocs entrecoupés de volcans et d’abîmes,