Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/329

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Lui jetait des parfums de l’aube jusqu’au soir ;
Alors qu’on nourrissait des miettes de ses tables,
Tout un troupeau de rois parqué dans ses étables,
Pour leur faire traîner l’or de son char vermeil ;
Alors que le plus grand de ses dieux, le soleil,
Venait lui-même, empreint aux poitrines des mages,
S’abaisser à ses pieds tout ruisselants d’hommages.
Son œil," plein maintenant de réprobations,
Répand autant de pleurs qu’autrefois de rayons.
Elle approche et s’écrie : « Oui, plus je le contemple,
« C’est Ninus ; demandez au gardien de son temple,
« Au sphinx qui nous écoute, il le reconnaîtra ;
« Car il était présent, quand l’Orient pleura ;
« Car il était présent, quand l’urne expiatoire
« Bien plus que du roi mort prit le deuil de ma gloire !
« Quand mon âme orageuse et lançant ses éclairs,
« Berceau tumultueux d’un nouvel univers,
« Crut que Sémiramis, du couchant à l’aurore,
<c Montant sur un cercueil, se grandissait encore ;
« Et que son large front, ceint d’un pouvoir nouveau,
« Des jugements du ciel dépassait le niveau.
« C’est Ninus, qui d’en haut vient, ayant Dieu pour guide,
« M’absoudre de ma gloire et de mon parricide.
« C’est Ninus ! .. » Et ce cri court d’échos eh échos,
Voix, dans la nuit, pleurant de l’abîme au chaos.

Robespierre à son tour, gravissant le rivage
De la mare de sang qu’il traverse à la nage,
Vient arrêter devant l’étonnant envoyé,
Son profil convulsif de chat-tigre effrayé ;
Robespierre !… tribun que la terreur évoque
Entre les fronts chargés des forfaits d’une, époque,