Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/355

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Il s’élance et, fuyant l’esquif triomphateur,
De ce vol gigantesque abdique la hauteur.
L’homme monte, et bientôt sur la route inconnue,
Le cygne intimidé redescend vers la nue.
Et l’homme monte, et seul avec le voyageur,
Vers ses Alpes de loin tournant son œil plongeur,
L’aigle enfin s’épouvante ainsi que la colombe ;
Car le ciel noir, sur lui, s’ouvre comme une tombe !
Noble fils du soleil qu’il croyait éternel,
Il ne reconnaît plus le blason paternel,
Ce soleil blanc et froid dont le front sans couronne,
Comme l’astre des nuits d’étoiles s’environne ;
Et son regard, devant le flambeau des hivers,
Interrompt tout à coup son hommage d’éclairs.
Il ne sait où poser ses ardentes prunelles ;
L’air trop subtil lui fait un fardeau de ses ailes,
Et vers ses monts lointains son vol jaloux a fui
Son terrestre rival bien plus aigle que lui !
Et l’homme monte encor : sa poussière suprême
N’avait jamais si haut cherché son diadème.
Il dote la science, explore avec amour
Ce ciel de nuit, trouvé vers les sources du jour ;
Il pèse l’air de glace où son esquif s’élance,
Sans s’informer s’il met sa mort dans la balance ;
Et son génie, ainsi qu’un astre à son réveil,
Brûlant de tous les feux qu’a perdus le soleil,
Affrontant de son vol les périls volontaires,
Enlève un sceau de plus du livre des mystères.
Ainsi dans un autre air Sémida se baignait,
Après avoir vu fuir ceux qu’elle accompagnait ;
Mais aux bords de l’abîme, incertaine, perdue,
Au lieu d’être montée, elle était descendue.