Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/358

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Ce chant ne tombait pas dans la nuit sans aurore,
Comme un chant de poète au fond d’un cœur sonore ;
Mais vague, mais brisé, mais presque inentendu
D’Idaméel, au sein du noir chaos perdu.

Un jeune colibri, pour changer de délice,
D’un nictantès, le soir, vient baiser le calice ;
Et de son nid d’azur par la nuit séparé,
Il s’endort dans la fleur dont il s’est enivré,
Dans la fleur inconnue, et dont les couleurs sombres,
Étrangères au jour, s’entr’ouvrent pour les ombres.
Et d’un souffle jaloux le nocturne zéphir
Dans son lit de parfums berce l’oiseau-saphir.
Imprudent, voici »l’aube, et toi, tu dors encore
Au calice où jamais n’a regardé l’aurore !
Il se ferme en silence, et de la fleur en deuil
Un rayon de soleil vient te faire un cercueil.
Et laissant sa couvée aux rameaux du palmiste,
Prolongeant son voyage à chaque fleur plus triste,
Ton amante t’appelle, et du baume au santal
Parcourt tous les parfums du ciel oriental ;
Et pour les lys de feu désertant la ketmie,
Arrive enfin auprès de la plante ennemie :
« Pourquoi quitter un nid qui tressaillait d’amour ?
« Pourquoi chercher les fleurs qui n’aiment pas le jour ?
« Oh ! combien j’ai pleuré, dit-elle, en mes alarmes ;
« L’œil d’un oiseau peut-il contenir tant, de larmes ?
« Méchant, dans ce cercueil pourquoi te renfermer ?
« Les jours d’un colibri sont si courts pour aimer !