Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/359

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« Ton vol est enchaîné, ma plainte faible et vaine
« A travers ta prison vers toi descend à peine.
« Et l’ombre qui te voile, ô mon sylphide amant !
« De ta brillante aigrette éteint le diamant.
« Et tristes comme moi, l’aster et l’amaranthe
« Se penchant, tout le jour, vers ta tombe odorante,
« Imploreront la nuit qui doit te la rouvrir.
« Ma voix t’empêchera d’achever de mourir,
« Et je t’emporterai sur mon aile pourprée
« Que ma longue douleur aura décolorée ;
« Et nous remonterons vers le palmier en pleurs
« Où nos petits aimés dorment dans d’autres fleurs !!!
« Espère… » Et jusqu’au soir voltige, désolée,
Autour du nictantès la jeune amante ailée.

Telle, volant autour de la nuit sans fanaux,
Autour de son amant prisonnier du chaos,
Sémida gémissait…. Idaméel s’étonne
De ces soupirs portés par l’ouragan qui tonne.
« Quel être près de moi prend l’accent du malheur,
« Sans que j’aie imposé sa tache de douleur,
« Et des afflictions vient boire le calice,
« Sans qu’à ma soif ici ma main le lui remplisse ? »
Il dit, et vers la voix qui soupire et qui fuit
Monte comme une trombe au sommet de la nuit.
Devant les régions où pour son sein coupable
L’atmosphère du mal n’a plus d’air respirable,
Il s’arrête, et plus fier, semble, roi de ses flots,
Poser en s’arrêtant la borne du chaos.

Comme dans le sommeil on croit voir, loin des grèves,
Un beau cygne sortir du lac changeant des rêves,