Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/363

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A ce trône du mal que je ne puis comprendre !
Mais tu m’as adorée à la clarté du jour,
L’enfer ne suffît pas pour ôter tant d’amour !
Et tu m’aimes encore et je viens te l’apprendre.
Que je sente tes yeux sur les miens se répandre !
Regarde-moi, je suis bien la même, et je veux
Pour te voiler d’amour dénouer mes cheveux.
J’ai raconté ma peine aux étoiles craintives
Du palais bleu du jour, comme moi fugitives.
Au bonheur de te voir j’ai voulu m’exposer :
On peut toucher les fers qu’on espère briser.

IDAMÉEL.


Sémida !! Sémida !!!


SÉMIDA.


                                  Oui, ma persévérance
Cultive, pour l’enfer, la fleur de l’espérance.
Abbadonna sortit en pleurs de ta prison,
Et toute âme qui pleure atteint notre horizon !
Et tes larmes seront le second diadème
Dont tu te pareras pour la vierge qui t’aime.
Tu ressusciteras, de haine désarmé,
Car un germe de vie en ta mort fut semé ;
Car la langue angélique, harmonie et mystère,
Ne veut plus me nommer l’épouse solitaire ;
Car je mets sur ton front, ô mon Idaméel,
La paix et le pardon, ces deux baisers du ciel !


IDAMÉEL.


Comme un fleuve de lait sur ma douleur ruisselle
Ton regard caressant et ta douce voix, celle
Qui, gémissant le soir sous les rocs de l’Arar,