Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/364

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Savait des mots d’amour dans une langue à part ;
Mais elle me trompait, la voix enchanteresse,
Formant de ses soupirs une hymne d’allégresse ;
Elle peut me tromper encore aujourd’hui…


SÉMIDA.


                                                                       Non !


IDAMÉEL.


Alors viens à mes pieds demander ton pardon ;
Je croirai ton amour, te voyant descendue
Jusqu’à moi, Sémida, ma Sémida perdue !
Je voulais autrefois, roi du monde et du temps,
Pour joyau sur ton front arrêter le printemps ;
Et je veux aujourd’hui, mon immortelle amante,
Sentir veiller mon cœur sous ta tête dormante.
Avant que loin de moi ton rêve t’égarât,
J’étais Dieu sur la terre afin qu’on t’adorât ;
Afin que ta beauté fut reine, et que timide
Le lys à tes baisers offrît sa perle humide ;
Que tout reçût de toi jeunesse, enchantement,
Que tout fût ta parure ou ton rayonnement.
Aujourd’hui ton regard étoile peut suffire
A nous verser le jour qui manque à mon empire :
Viens, et laisse au chaos ton beau voile argenté,
Pour que son front lui-même ait sa part de clarté.


SÉMIDA.


Je suis trop descendue, hélas !


IDAMÉEL.


Pitié sublime !
Sans voir le criminel, descends vers la victime !