Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/366

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SÉMIDA.


Les filles du Seigneur, même pour consoler,
Ne peuvent du saint lieu plus d’un jour s’exiler.
Pour adorer, je dois monter avec l’aurore.


IDAMÉEL.


Tu dois descendre, enfant, où c’est toi qu’on adore.


SÉMIDA.


Non, mais je te regarde et je tombe à genoux,
Et je te tends les bras pour que ton vol soit doux.
Je t’enseigne à prier…


IDAMÉEL.


                                     Fuis, fuis, tu n’es pas elle,
Puisque si loin de moi tu refermes ton aile.
Tu n’es pas elle, non, tu n’es qu’un rêve, éclos
D’un sommeil orageux trouvé dans le chaos ;
Mes désirs ont tissu le voile de ta tête,
Tu n’as que les couleurs du songe qui t’a faite,
Et tu n’as pas de cœur, et ton souffle léger
D’un accord de mon âme est l’écho mensonger.
Belle ombre couronnée, ô souvenir, ô rêve,
Portant le plus doux nom des jeunes filles d’Eve !
Fantôme insaisissable, et sur mon front brûlant
Entre le jour et moi dans l’espace volant ;
Enfant des longs amours d’un cœur mélancolique,
Pourquoi me poursuis-tu de ton œil angélique ?


SÉMIDA.


Un seul remords qu’à Dieu je puisse présenter !