Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/372

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Et moi qui me repens, je puis, sans être roi,
Faire, hors de l’abîme, un pas de plus que toi.
Renonce à ton espoir, rends cette fille d’Eve
Aux souffles éthérés dont le vol la soulève.
Tu vis, pour échapper à ta profane ardeur,
Des ombres de la mort se voiler sa pudeur ;
Pourquoi renouveler, dans la nuit où nous sommes,
L’épreuve dont elle a triomphé chez les hommes ?
Laisse, plus haut que toi, luire son front serein,
N’enchaîne pas son âme à tes ailes d’airain,
Et ne profane plus d’un amour adultère
Les beaux lys de ses pieds que ton regard altère.
Son retour bien-aimé dans un autre horizon
Réjouira le seuil de la sainte maison,
Et, veillant de bien loin sur sa parure blanche,
Pour lui donner la main l’ombre de Dieu se penche.


IDAMÉEL, sans cesser de regarder Sémida.

Tu redresses encor un front deux fois frappé,
Comme un pin que la foudre aurait mal écharpé.
As-tu rompu ton ban ? est-ce Satan qui passe ?
Je croyais pour ramper qu’il fallait moins d’espace,
Esclave ; je croyais que dans notre défi
A courber ta hauteur mon souffle avait suffi ;
Je croyais Lucifer tout brisé de la lutte,
Et que l’oubli des morts avait scellé sa chute !
Ne force pas ici, pour finir l’entretien,
Le poids de mon regard à tomber sur le tien.
Fuis ; tu n’es pas heureux aux chances de la guerre ;
La révolte, Satan, ne te réussit guère !
Fuis, accepte l’oubli que ton roi t’accorda.
Tu veux rendre au Seigneur l’élan de Sémida ?