Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/371

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Du mal, dont il est l’ange, imprimant la morsure,
L’orgueilleux, en espoir, s’applaudit triomphant
De priver le Seigneur de son plus bel enfant.

Mais, tout à coup, du fond de la nuit sépulcrale
Voilà qu’une lueur, d’abord lointaine et pâle,
Surgit, et, sillonnant le gouffre nuageux,
Bientôt, forme terrible, ouvre un vol orageux.
Ses deux ailes au loin, comme les fortes rames
Qui font bondir la mer aux flancs armés des prâmes,
Battent les flots sans nom de ce vague océan ;
Fendent les tourbillons, franchissent d’un élan
L’espace que la terre en son orbe enchaînée,
Peut, autour du soleil, franchir dans une année.
C’est Satan, non point tel que l’aperçut Milton,
Alors que, s’évadant des feux du Phlegéton,
Aux bornes de la nuit que ce fleuve traverse,
Des portes de l’abîme il soulevait la herse ;
Alors qu’il apportait, ténébreux tentateur,
A travers l’ouragan, l’œuvre du malfaiteur ;
Nageait, rampait, volait de nuage en nuage ;
Ainsi qu’une comète égarait son voyage ;
Et semblait, balayant tant d’éléments confus,
Ajouter au chaos un désordre de plus.
C’est Satan, sur son front, au lieu de diadème,
Portant du repentir la majesté suprême ;
Et contre Idaméel, qui sourit de mépris,
De son éternité rassemblant les débris.


SATAN.

« Écoute ton captif, Idaméel, écoute.
Du fond de mon cercueil je surveillais ta route ;