Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/374

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Avec le collier bleu, semblable à ses amours,
Que, si près de son cœur, elle garde toujours,
Et ne pouvant briser la chaîne d’étincelles,
Sent palpiter la mort au frisson de ses ailes.
Mais si quelque autre oiseau passe, et coupe en passant
Du charme empoisonné le rayon caressant,
La tourterelle enfin s’échappe, libre et forte,
Redemande la vie au souffle qui l’emporte ;
Et dans l’Èther aimé, loin des marais brumeux,
Purifiant son vol des regards venimeux,
Recommence, en chantant, la fête éblouissante
Que donne le printemps à sa joie innocente.

*


Dans son funèbre espoir Idaméel trompé,
Se replonge aux enfers d’ombres enveloppé ;
Et de cent nœuds d’airain charge, dans la nuit noire,
Lucifer renversé du haut de sa victoire.
Superbe, il redemande à l’orageux séjour,
A son sceptre brûlant l’oubli de son amour.
Il convoque ses chefs. Leurs majestés vassales
Aux sons tartaréens des trompes colossales,
Viennent vers le monarque… il veut les consulter
Sur les nouveaux tourments qu’il lui faut inventer :
Car depuis que le Christ souffre dans son domaine,
L’infini des douleurs est trop peu pour sa haine !!!