Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/385

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« Ce long sentier saignant où ta justice passe ;
« Et trop faibles tous deux pour ce combat géant,
« Leurs maux participaient encor de leur néant !
« Biais moi je puis souffrir et te payer ta dîme :
« Tu n’as un fils qu’afin d’avoir une victime ;
« Qu’afin que tout s’expie et tout soit racheté,
« Sans sortir de toi-même et de ta Trinité.
« Chaque souillure appelle un charbon d’Isaïe.
« Et tu ne descends pas, et ma plainte trahie
« S’arrête, et nulle étoile à mes regards ne luit.
« L’éclair seul de ton glaive a traversé ma nuit !!!
« Je t’appelle, sans voir nul messager descendre !
« Le Dieu se tourne en vain sur sa couche de cendre.
« De l’enceinte où mon front bat les rocs gémissants,
« Tes anges de la mort eux-mêmes sont absents.
« Grâce ! grâce !!! un rayon de toi dans la tempête !
« L’ivresse des tourments fait chanceler ma tête,
« Et comme un champ qui doit porter des séraphins,
« J’ensemence l’enfer de ces tourments divins.
« Oui, pour donner la vie, en tes fureurs j’expire ;
« A leur immensité cette heure peut suffire.
« Oui, sur mon pâle front, dans l’ombre agonisant,
« Chaque crime a sa larme et sa goutte de sang ;
« Et tu ne descends pas, Seigneur ; et ta colère
« Sur ma bouche mourante éteint ton nom de père ;
« Et de ta Trinité le Verbe est foudroyé !!
« Jésus-Christ orphelin, de ton sein renvoyé,
« Ne sait plus où poser sa tête anéantie ;
« Les pierres de l’autel ont croulé sous l’hostie. »
Et Christ gémit toujours, immobile, et couché
Dans le suaire ardent à son corps attaché.
Pour nourrir les deux mers de leur flot tributaire,