Page:Soumet - La Divine Épopée, 1841.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Débordant ta prière et ta divinité,
« Viendrait en submerger la sainte ignominie ;
« Sa vague emporterait tes siècles d’agonie.
« Par ton nom, par les pleurs dont je souille tes pas,
« Fuis loin de mes remords, mais ne les éteins pas !
« Fuis, mais regarde-moi du regard qui console
« Et de nos repentirs nous fait une auréole.
« Que je sente briller au fond de mes douleurs
« Le rayon de l’amour, ranimé sous tes pleurs ;
« Ce beau rayon perdu de ma gloire première
« Dont tes anges au cœur ont gardé la lumière :
« Qu’il descende du haut de ta rédemption ;
« Qu’il soit dans mon enfer un flambeau de Sion ;
« Qu’il soit une prière en mon sein déposée,
« Sur mes lèvres de feu pure et fraîche rosée.
« Un regard, un regard, ô Christ !!… » Et le maudit,
Baisant le sol qui tremble à chaque mot qu’il dit,
Se traînait en rampant sur son aile ployée.
De son œil immortel l’orbite foudroyée
Laissait rouler des pleurs qui s’épanchaient amers,
Tels que des flots venus de l’abîme des mers,
Et, tombant sur la lave encor mal refroidie,
Fumaient ainsi que l’eau qu’on jette à l’incendie.
Lorsqu’aux pieds de Jésus sa douleur gémissait,
D’un seul de ses sanglots tout l’enfer s’emplissait.
Le remords sur son front, depuis sou autre guerre,
Avait joint ses sillons aux sillons du tonnerre :
On s’étonnait que, roi de ces gouffres de feu,
Il eût été vaincu par un autre que Dieu ;
Et formidable encor, son aile ténébreuse,
Balayait des enfers la poudre sulfureuse.